Comme son nom l’indique, la commune de Plombières a tiré ses richesses des mines de plomb, de zinc et de pyrite. La plus ancienne mention écrite des mines remonte à l’année 1365. Jan van Wambeke, doyen du chapitre de Saint Servais de Maastricht, a écrit qu’il avait reçu des intérêts du duché de Limbourg du fait de la mine de Bradersbergh. En effet, la région est riche en métaux lourds et présente d’autres carrières de zinc à à Völkerich, Welkenraedt (Lantzenberg), Walhorn et La Calamine (Altenberg). En 1427, Philippe le Bon, duc de Bourgogne, loue la mine de plomb pour un neuvième de la recette.
Bien qu’il ne faille pas attendre la période industrielle pour avoir connaissance de la richesse du territoire, c’est à partir du 19e siècle que l’on exploite le mieux les carrières. James et John Cockerill obtiennent en 1828 les concessions pour exploiter les mines de Plombières. Les exploitations minières prennent fin aux alentours de 1882.
La commune est composée de plus petites entités, qui avant 1976 lors de la fusion des communes, étaient des communes à part entière. Sippenaeken, Hombourg, Henri-la-Chapelle, Gemmenich, Montzen et Moresnet.
Elle possède un patrimoine classé riche dont font partie plusieurs fermes, maisons, ses nombreux châteaux comme celui de Beusdael à Sippenaeken, ses églises, le cimetière américain, le site des trois frontières et le calvaire de Moresnet.
Réserve naturelle de la zone minière et vallée de la Gueule
Le sol de la région étant un sol naturellement riche en zinc, en plomb et en métaux lourds, une flore particulière s’y est développée. Sur votre route vers Sippenaeken, vous tomberez peut-être sur la pensée calaminaire. La Gueule traverse la commune de Plombières depuis la Calamine vers la frontière néerlandaise. Celle-ci a d’ailleurs, sur le territoire de Plombières, été déviée par les miniers afin d’accroître leur productivité en diminuant les risques d’inondations des mines.
La légende raconte qu’au niveau des grottes menant à Gemmenich, vivent les lutins de la Gueule. Ils ne se manifestent que la nuit pour effectuer des travaux inachevés. Pleins de bonté, ils ne rendent service qu’à une seule condition : que les humains ne les voient jamais ! Que les curieux prennent garde ! Car si vous les apercevez, ils vous feront prisonnier …
La vallée de la Gueule vous permet de découvrir tous les incontournables de la commune :
La Maison du Site Minier
Le site minier de Plombières, qui a prospéré au milieu du 19e, est l’actuel vestige de l’exploitation minière industrielle et peut se visiter. La Maison du Site Minier, située rue du Chemin de Fer 25, construite en 1645, est l’une des plus anciennes maisons de la localité. Le bâtiment est protégé depuis en 1982 et a été restauré en 2007. Il s’y trouve l’office du tourisme de la municipalité et une exposition sur l’histoire de l’extraction et du traitement des minerais, et sur la réserve naturelle. Son exposition permanente peut être complétée par une visite du site de la Vieille Montagne, ancienne mine voisine et concurrente à La Calamine.
Le Viaduc
Proche de Moresnet, le géant de fer et de béton qui enjambe la vallée de la Gueule est resté pendant longtemps le chemin de fer le plus long du réseau ferroviaire belge. Il a été construit à l’initiative des troupes allemandes durant la première guerre mondiale afin de connecter le port d’Anvers au bassin de la Ruhr en Allemagne. Construit en un temps record de 7 mois par les prisonniers de guerre, il est détruit une première fois afin de limiter l’avancement des troupes allemandes. Reconstruit pendant la seconde guerre mondiale, il sera à nouveau détruit par l’armée allemande cette fois afin de freiner l’avancée des Alliés.
Aujourd’hui, le viaduc d’une longueur de 1107 mètres et d’une hauteur de 52 mètres est toujours emprunté par une centaine de trains de marchandises quotidiennement, généralement de nuit.
L’ancienne gare de Montzen a été construite au moment de la construction du viaduc. Montzen était originellement le quartier de résidence pour les ouvriers lors de la construction du viaduc. Après son apogée dans les années 30, la gare est aujourd’hui complètement désaffectée.
Les trois bornes
Le site des trois bornes est le point de rencontre entre les frontières de la Belgique, des Pays-Bas et de l’Allemagne. Néanmoins, de 1816 à 1915, une quatrième frontière rejoignait cette convergence, celle du territoire de Moresnet-Neutre, aujourd’hui La Calamine.
Les trois bornes sont en réalité toutes trois placées sur le territoire néerlandais et à titre symbolique. C’est la borne octogonale 193 qui indique le point de rencontre exact des frontières ainsi que le point culminant des Pays-Bas (322,5 mètres).
Sur le site, la tour Baudouin, du haut de ses 50 mètres, offre un panorama époustouflant sur la région. Pour les petits et les grands, le plus grand labyrinthe des Pays-Bas et la pleine de jeux vous accueillent.
Le cimetière américain
Le cimetière, d’une superficie de 23 hectares a été créé en septembre 1944 par la première Division d’Infanterie de la première Armée Américaine. Sa construction s’achève en 1960. 7989 soldats américains y reposent, tombés au cours de l’avancée de la première Armée à travers le nord de la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et l’Allemagne ainsi que durant la « Bataille des Ardennes » de l’hiver 1944 à 1945. Toutes les sépultures sont identiques et présentent un alignement parfait de croix en marbre blanc.
A droite de la colonnade, la salle-musée offre aux visiteurs un aperçu des différentes offensives des Alliés dans la reconquête de l’Europe à travers des cartes murales.
Par ailleurs, l’Esplanade offre une vue panoramique sur le Pays de Herve.
Le calvaire de Moresnet
En 1750, nait à Moresnet une dévotion à la Vierge suite à la guérison miraculeuse de Arnold Franck atteint d’épilepsie.
Vers 1875, des Pères Fransiscains d’Aix-la-Chapelle s’installent dans la localité. Souhaitant associer la dévotion mariale au culte de Saint-François d’Assise, ils projettent l’aménagement d’un chemin de croix par lequel les fidèles pourraient avec Marie, cheminer vers la rédemption du Christ. La chantier, mené à bien avec les moyens de l’époque et le bénévolat des riverains, remodèle complètement le paysage, plat à l’origine.
Chaque station possède sa particularité et est décorée de manière différente à l’aide du verre, de mosaïques et de marbres qui sont souvent des dons. Les hauts-reliefs de chaque station (1,20 mètre de large et 1,50 mètre de haut), œuvre du sculpteur Albermann de Cologne, sont taillés dans du grès de France. La dimension de chaque personnage varie selon son importance, sans rompre l’équilibre de l’ensemble.
Le Calvaire de Moresnet représente pour les pèlerins et les Hommes de foi, un écrin de verdure et d’air frais dans un paysage marqué par l’industrie.
La Maison du terroir de Moresnet
Etabli dans l’ancienne maréchalerie de 1638 au centre du village de Moresnet, le petit musée local offre aux visiteurs un retour sur les activités d’antan, l’histoire, la vie culturelle et associative de Moresnet. Il traite également de l’histoire mouvementée du viaduc ferroviaire depuis sa construction à sa rénovation complète achevée en 2004.
Sippeaneken
Sippenaeken ne fait pas exception en ce qui concerne l’exploitation minière puisqu’au cours d’une décennie jusqu’en 1884, son exploitation minière a permis d’extraire environ 20.000 tonnes de minerai par an, près du hameau de Terbruggen.
D’ouest en est, vous passerez devant le bunker sur la rue de Beusdael. Datant de la seconde guerre mondiale, il marque à quel point Sippenaeken avait une position d’avancée stratégique.
En continuant sur la rue de Beusdael, avant de croiser la frontière néerlandaise, au sommet de l’épingle à cheveux, un magnifique point de vue sur le pays de Herve vous attend.
Plus loin sur votre route, vous apercevrez certainement son château entouré de douves, flanqué de son donjon en grès datant du 13e siècle, le château du Beusdael. Celui-ci est classé depuis 1976.
Passez ensuite quelques instants du côté néerlandais après avoir passé le point le plus au sud des Pays-Bas.
Egalement traversée par la Gueule, Sippenaeken abritait autrefois un moulin à eau, transformé aujourd’hui en hébergement, l’Oude molen.
Pays de Herve et produit du terroir
Le pays de Herve est une région de bocage – mélange de zones herbagées, de fermes isolées et de vaches. Ce paysage à l’est de la Meuse présente une succession de plateaux ondulés et entrecoupés de vallées. Dans les pâturages, règne un microclimat propice à la production laitière. Pourtant, le Pays de Herve n’a pas toujours été à prédominance herbagère. Au 14e siècle, de vastes zones étaient recouvertes de céréales. C’est suite à un édit de Charles Quint, interdisant l’exportation des céréales aux Pays-Bas que les fermiers se sont davantage tournés vers l’élevage. Depuis la fin du 18e, le Pays de Herve est presque entièrement recouvert de pâturages.
De nombreuses fermes de caractère abritent encore des exploitations familiales à qui nous devons la naissance du fromage de Herve ! A l’époque, chacun produisait son beurre et son fromage mais les conditions de conservation n’étaient pas optimales. Afin de permettre l’exportation des fromages typiques, une version plus piquante fut inventée qui pouvait se conserver 4 à 6 mois.
Le fromage de Herve bénéficie depuis 1996 de l’appellation d’origine protégée (AOP). La dénomination ne peut être utilisée que si le fromage a été produit sur le territoire délimité par la Meuse, l’Ourthe, la Vesdre et les frontières voisines.
Avec ça, on boit quoi ?
Pour les bons-vivants d’entre nous, la bière de l’abbaye du Val-Dieu, faisant partie du Pays de Herve, est évidemment bien connue et incontestée. Néanmoins quelques brasseries de plus petites tailles sont à mettre en lumière – Grain d’orge à Hombourg (Plombières), Boca, Warsage, Sponk, Tits.
La brasserie Grain d’Orge, située à Hombourg, était à l’origine un café repris en 1997 par Benoît, un brasseur de la région souhaitant lancer sa propre production. L’aventure démarre en 2000 avec le réaménagement du café et l’installation du matériel de brassage. Le pari est un succès ! 7 ans plus tard, la brasserie doit déménager car la production ne suffit plus ! Le café est repris par le neveu de Benoît et devient le pub du Grain d’Orge. Benoît installe la brasserie dans la ferme familiale à 500 m du café d’origine.
La Brice et la Joup ! Drôles de noms rivaux …
Au 16e siècle, la confrérie de Saint-Brice fut créée dans la foulée du concile de Trente afin de ranimer la foi catholique et de protéger la religion. Les arbalétriers sont ensuite dotés d’armes plus performantes au 18e siècle et deviennent les Carabiniers de Saint-Brice. En 1851, un regroupement de confréries sous le nom de « Constitution hombourgeoise » est organisée par les Carabiniers. Néanmoins, il leur est reproché de manquer d’assiduité pendant la messe et la procession de la Vierge au bois.
En 1881, le curé Lanckor, fort irrité par leur attitude, crée une confrérie de Saint-Joseph (les Joupes). C’est donc à l’occasion de la procession de cette année-là que débutèrent les rivalités qui font la renommée du village de Hombourg en raison d’anecdotes pour le moins folkloriques. Ces rivalités ont tant d’importance que sa portée atteint la politique et que les mariages entre camps rivaux sont rares et difficiles à entretenir sereinement …
Ce n’est qu’en 1976, avec la fusion des communes, que les esprits se sont apaisés. D’une rivalité amère est alors née une vie associative riche préservant les deux mouvances avec pour chacune une ASBL, une jeunesse, une harmonie et une société de tir (pour les « Brices ») et d’agrément (pour les « Joupes »)